Le « sans gluten » est aujourd’hui associé à une alimentation saine ou « healthy ». Pour les industriels, il est devenu un argument « marketing » et de fait, ce marché est très dynamique.

Le souci de manger sainement est de plus en plus présent, et il faut s’en réjouir. Toutefois, mieux vaut le faire de manière éclairée !

L’alimentation sans gluten : un traitement médical

Avant d’exclure le gluten de son alimentation, il est essentiel de savoir que le régime sans gluten est un traitement médical, non une alimentation santé. A ce titre, il doit être prescrit par un professionnel de santé.

Des personnes de plus en plus nombreuses pratiquent l’auto-exclusion du gluten en pensant améliorer leurs pratiques alimentaires. Pourtant, dans la majorité des cas, cette exclusion ne se justifie pas et expose en outre à un déséquilibre nutritionnel, car le gluten est extrêmement présent dans notre alimentation.

Qu’est-ce que le gluten ?

Le gluten est une protéine du blé. On la retrouve également dans le seigle, l’orge et dans une moindre mesure, l’avoine.

Le blé étant le composant de la majorité des céréales que nous consommons habituellement (pâtes, semoule, pain, farine…), un régime sans gluten contraint à exclure de nombreux aliments de son alimentation, d’autant plus que le gluten se trouve parfois là où on ne l’attend pas (comme la moutarde, la levure chimique, la bière, les chewing-gum ou encore le chocolat en poudre), le gluten étant utilisé par l’industrie agro-alimentaire pour ses propriétés technologiques.  

Des industriels ont développé de nombreuses gammes sans gluten, ce qui est très positif quand cette alimentation est réellement justifiée. Mais il faut savoir que ces aliments sont plus chers. Le surcoût est pris en charge par la sécurité sociale, mais uniquement lorsque l’exclusion du gluten a fait l’objet d’une prescription médicale.

Dans quels cas l’alimentation sans gluten se justifie-t-elle ?

  • L’allergie au gluten

Sa prévalence est de 0.5 à 9% des enfants en Europe et 0.5 à 3% des adultes. Comme toutes les allergies, elle implique le système immunitaire et peut induire des phénomènes d’hypersensibilité en cas d’ingestion.

  • La maladie cœliaque ou intolérance au gluten

Il s’agit d’une maladie auto-immune, c’est-à-dire que l’organisme produit des anticorps contre lui-même en cas d’ingestion de gluten chez des sujets prédisposés génétiquement. Cela se traduit par des lésions intestinales à l’origine de diarrhées, amaigrissement, malabsorption, douleurs abdominales. Ces dernières régressent en cas d’exclusion du gluten, qui est le seul traitement médical efficace.

Le diagnostic doit être posé à la suite d’examens médicaux avant toute exclusion du gluten.

  • La sensibilité au gluten non cœliaque

Cette dernière catégorie fait débat dans la communauté scientifique, qui se montre sceptique à reconnaître cette pathologie comme distincte. Elle se définit comme « une entité clinique au cours de laquelle l’ingestion de gluten entraîne des symptômes digestifs ou extra-digestifs, et qui régressent sous régime sans gluten après élimination d’une allergie au blé et d’une maladie cœliaque. »

En bref, les symptômes sont apparentés à la maladie cœliaque, mais le lien n’est pas établi par les examens pratiqués. En l’absence de marqueur, seul un diagnostic d’exclusion peut être posé. Ici encore, seul un professionnel de santé pourra poser le diagnostic, en évaluant les effets de la suppression de gluten (au moins 6 semaines), puis de sa réintroduction (au moins 4 semaines). Un accompagnement est indispensable pour limiter les risques de déséquilibre nutritionnel, et dans ce cadre, l’exclusion totale du gluten n’est pas indiquée.

Un impact du gluten écarté dans d’autres pathologies

Il n’existe pas à ce jour de preuve scientifique de l’efficacité d’une suppression du gluten dans des pathologies telles que la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, la fibromyalgie, la schizophrénie ou l’autisme. Des études ont en effet été menées car de nombreux malades ont expérimenté un régime sans gluten dans l’espoir de voir régresser leurs symptômes, avec le risque de déséquilibre alimentaire que cela implique.

En conclusion, en dehors des trois cas exposés ci-dessus, l’exclusion du gluten ne présente pas d’intérêt nutritionnel ni d’avantage en terme de santé. En cas de symptômes faisant suspecter une maladie cœliaque, avant toute auto-exclusion du gluten, il est essentiel de consulter son médecin, qui prescrira les examens médicaux et paramédicaux dont les résultats lui permettront de poser ou non le diagnostic de maladie cœliaque.